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Dépôt de plainte

Dépôt de plainte : rendez vous au commissariat

Voilà le 3 décembre 2019, jour J, jour de mon dépôt de plainte, je me réveille pour partir au travail mais bien sûr je n’ai pas du tout la tête à travailler, je pense beaucoup au rdv de l’après midi, me pose beaucoup de questions, peur d’être incomprise, et d’être jugée.

La matinée se passe sans encombre, l’heure de ma pause arrive, autant vous dire que je n’ai pas faim du tout, mais je me force à manger, car je ne sais pas du tout pour combien de temps je vais en avoir au commissariat, et ça serait pas malin de faire un malaise hypoglycémique.

Je prends donc le temps de manger, j’ai hâte que mon mari arrive, il doit passer me prendre au travail et m’accompagner au commissariat, mon rdv est prévu pour 14h15. En attendant qu’il arrive, je discute tranquillement avec des collègues qui me soutiennent énormément dans cette démarche. Le voilà qui arrive, je prends mes affaires et nous nous dirigeons vers le commissariat qui est à moins de 5 min à pied.

Nous voilà devant, je rentre, je prends une profonde respiration, et passe dans le hall d’accueil, cette fois si la peur et la honte ne se font plus sentir puisque je signale juste que j’ai rdv avec la capitaine A.

L’agent me fait pénétrer dans le commissariat et me dit de me signaler au second accueil, je m’exécute, la personne qui m’accueille est informée de ma venue, il nous demande nos pièces d’identités à mon mari et moi même, il prévient la capitaine et nous fait patienter quelques minutes. Les mains moites et les jambes en coton le cœur qui commence à s’accélérer mon mari est la pour m’apaiser, je sais qu’il ne pourra pas être avec moi au moment de ma déposition.

Quelques minutes s’écoulent, et voilà elle arrive, elle m’appelle, me donne une poignée de main, elle est grande et robuste, mais a une voix douce et posée qui me rassure, nous montons à l’étage, et commence la procédure, elle me mâche un peu le travail, c’est elle qui dirige et qui commence à me poser des questions auxquelles je répond le plus précisément possible, je restitue le moment où les souvenirs sont remontées à la surface et comment et pourquoi j’en arrive à déposer plainte.

Au fur est à mesure de la procédure, ses questions s’intensifient et demandent beaucoup plus de précisions, elle me demande des détails, sur des dates, des personnes, sur comment se passe les scènes de violences.

Pour moi c’est compliqué de me situer dans le temps, de dire avec précisions l’âge que j’avais ou l’année, et me replonger dans les scènes me déstabilise, je pleurs beaucoup à ce moment car j’ai l’impression de les vivre à nouveau.

Mais la capitaine me rassure, on fait des pauses qui me sont nécessaires , la dépositions dure plus de 3h. La capitaine m’explique le déroulement de l’enquête, et je sais à ce moment là qu’une longue période d’attente se met en place…

Quand j’en ressort je suis vidée, épuisé mais étrangement libérée, fière d’en avoir parlé et contente d’avoir été entendue et considérée, je suis consciente que parler après tant d’années sera une tâche compliquée pour la police de menée une enquête surtout que nous vivons mon agresseur et moi à des km l’un de l’autre et que les faits se sont produits dans ma région natale et que l’enquête s’effectuera la bas.

Le soir à la maison, j’en parle beaucoup avec mon époux, et essaie de me souvenir d’autre détails que j’aurais oublié, et effectivement dès le lendemain ou le sur lendemain des souvenirs remontent à la surface, et j’envoie donc un mail à la capitaine pour compléter mon dépôt de plainte.

Quelques jours passent et je réalise qu’en ayant fait cette démarche, je tire un trait définitif sur ma famille, et une sorte de deuil se met en place, cela n’est pas facile mais il le faut pour que je puisse avancer sereinement dans ma reconstruction.


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